Suite au calme se présente la tempête

[15H37]

Le soleil perçait facilement à travers le fin voile nébuleux constellant l’azur infini des cieux par plaques errantes. Ses rayons délivraient un doux réconfort, travaillant de concert avec la légère brise levée du matin et offrant ainsi un compromis des plus agréables. Nul ne semblait vouloir entacher la toile des lieux, peinte du calme et de la sérénité des quelques heures succédant le zénith. Le silence régnait en maître, déchiré par le seul cri strident d’un aigle dont la silhouette se découpa sur la toile solaire, puis disparut, aussi fugace qu’inattendue.
La Nature s’était octroyé l’onde placide d’une pause, l’une de celles qui s’achèvent aussi vite qu’elles commencent.
Du fond de la rue résonnaient, à rythme régulier, les pas étouffés d’un homme ; une fine couche de poussière se levait à sa suite, à chaque contact du sol avec l’osier de ses chausses. Il était droit, marchait sûrement et lentement : à sa hanche gauche pendait un bokken de bois étonnement épais et long ; sa coiffe d’osier tressé semblait lui épargner la lueur excessive de l’astre solaire et masquait la plus grande partie de son visage ; un épais kimono bleu nuit de jute grossier et rapiécé le drapait, attaché aux hanches d’une fine ceinture de tissus noir. Il s’arrêta sans crier gare, se tourna vers l’imposante entrée d’un domaine, qui l’était tout autant – aussi bien terme de superficie que du respect qu’inspirait l’ouvrage. Il repoussa alors d’une petite tape de la main son couvre-chef et celui-ci vint se ficher contre le haut de son dos, retenu par la cordelette qui l’attachait et cernait le cou de l’homme. Il se racla alors la gorge et leva chacune de ses mains à son visage, comme pour amplifier le son et la portée de sa voix ; une voix grave et puissante retentit alors.



« Je suis Ryuji Otto et viens défier le champion de l’école Hanzo ; je vous prie humblement de relever mon défi ! »

[Public]

Alors que la puissante voix de Ryuji retentissait à l'extérieur, Eichi assistait paisiblement à une démonstration à l'arme blanche réalisée dans la cour par le maître d'arme à ses élèves. Il n'entendit donc pas son appel solennel... Il vit cependant un guerrier courrir vers lui. Avec un léger soupir, Eichi se leva donc et commença à marcher vers l'homme, qui n'était plus très loin à présent.
Le guerrier, arrivé près de lui, s'approcha et murmura :

" Eichi... Un homme seul, à l'entrée, avec un grand boken. Il dit vouloir défier l'école..."

Eichi hocha brièvement la tête et, la mine soudain grave, donna de nouvelles consignes à l'homme :

" J'y vais. Va chercher..."

Euh, l'important était de ne pas alerter les élèves. Donc, ne pas demander le renfort de leur maître. Ce n'était pas que Eichi pensait se faire battre, lui et les trois guerriers à la porte, par un homme seul, mais... Un des principes que l'experience lui avait fait entrer dans le crâne était de surestimer son ennemi.
Quel maître pouvait bien être disponible ? Il croyait se rappeler qu'Aroukaï, le maître de Dissimulation, n'avais aucun cours sur cette heure. Il serait en effet d'un grand secours...

" Aroukaï Itagaki. Le maître de Dissimulation. Dis lui d'arriver... Discrètement "

Il afficha un sourire entendu... 'Discrètement', pour Aroukaï, équivalait à 'Invisible'. Le guerrier sourit nerveusement et courut à la recherche du maître.
Retrouvant la gravité qui sied à la situation, Eichi avança vers l'entrée à grandes enjambées.
Quelques minutes plus tard, il arrivait à la grande porte. Là, un homme massif était immobile, tandis que l'entrée lui était interdite par trois guerriers sur le seuil. Eichi avança vers eux et traversa leur rang pour être à un pas d'eux. Il détailla l'homme qui patientait en l'attendant... Manifestement, il était fort. Eichi détailla brièvement le paysage... Fort, et seul. Donc courageux... ou fou. Le grand maître du clan sourit.

" Eh bien... Voyageur, on me dit que vous souhaitez défier l'école Hanzo ? Soixante contre un, n'est-ce pas un peu trop téméraire ? "

Eichi fit discrètement signe aux guerriers pour qu'ils se détendent. Leurs sabres, dégainé à moitié, fut remis au fourreau, mais leurs mains restèrent sur le pommeau.
Aux aguets...

La voix de Ryuji résonna longtemps, puis se perdit dans les méandres ambiants pour s’éteindre, étouffée par le silence. Il ne fallut guère plus de dix secondes pour que trois gardes armés se présentent à lui : le premier en vue venant du fond de l’allée centrale en courant ; un autre apparut du côté et semblait déjà se trouver à l’extérieur de l’enceinte ; et enfin le dernier sauta du haut des remparts pour atterrir souplement à bonne distance et s’approcher plus lentement. Chacun d’eux avait effectué les mouvements l’ayant mené à son poste actuel avec une étonnante habilité, aussi rapide et discret qu’un félin ; ce qui ne manqua pas d’étonner Ryuji, mais celui-ci ne laissa rien paraître.

* Hanzo… une école où l’on forme aux rudiments ? Ils se sont moqués de moi, ceux-là connaissent bien plus que les bases ! Et dans bien d’autres domaines que ceux qu’on m’a décrit. *

Ryuji ferma brièvement les yeux, une ou deux secondes, pas plus, puis un léger sourire marqua ses lèvres alors qu’il les rouvrit. L’infime contorsion de sa bouche et son air satisfait aux vues de sa situation lui donnaient l'air presque dément.

* Et bien, cela risque d’être bien plus intéressant que prévu. *

Il plaça ses mains sur ses hanches, poings fermés, et déclara d’un ton si enjoué qu’on aurait croire qu’il riait.



« Pourriez-vous m’appeler votre maître ? Je désirerais lui réitérer ma demande. »

Aucun des trois guerriers ne sourcilla, le marbre des traits qu’ils arboraient confirma à Ryuji leurs intentions de n’être que gargouilles surveillantes. Chacun se tenait immobile comme le plus parfait prédateur, le sabre à demi dégainé. Ryuji repris alors une posture plus confortable : une tenue droite et lourde, un regard froid comme le métal – ténèbres martelées des brasiers d’une volonté incandescente. Il savait qu’il ne servait à rien de palabrer inutilement, quelqu’un arriverait bientôt.
Le pressentiment ne tarda à se confirmer, et un homme dont l’allure ne cachait en rien son statut de maître de l’école Hanzo s’avança. Il émanait de lui une étrange aura, un calme placide qui ne demandait qu’à se réveiller et déferler sur sa cible en un maelstrom tourbillonnant de courage, de force et de souplesse. Un frisson envahit Ryuji à cette impression délicieuse. L’homme leva le garde-à-vous de sa petite troupe tout en adressant à son étrange invité quelques mots le sourire aux lèvres : « Eh bien... Voyageur, on me dit que vous souhaitez défier l'école Hanzo ? Soixante contre un, n'est-ce pas un peu trop téméraire ? ».

« L’un après l’autre évidemment, déclara Ryuji avec amusement. Me le permettez-vous ? »

A ces mots, Ryuji tira son bokken du nœud placé à sa hanche gauche et le posa avec délicatesse à ses pieds ; puis se redressa lentement de tout son haut.

« J’en fais la demande comme un homme d’honneur la fait à un autre ; et un combat unique contre votre champion comblerait amplement mes désirs. »

Aroukaï se baladait tranquillement à l’arrière du domaine. Il n’avait effectivement pas de cours à donner aujourd’hui. Alors qu’il allait s’asseoir le long de la rivière, un protecteur de l’école arriva à lui essoufflé. Voyant que c’était manifestement à lui qu’il en voulait, le Maître de dissimulation lui adressa la parole.

« Hé bien mon gars, faudrait s’entraîner plus souvent en endurance. Ce n’est pas bon de jouer avec ses limites. Que me veux-tu ? »

Après un dernier halètement, l’homme lui expliqua l’histoire du guerrier solitaire ; Aroukaï émit un gloussement :

*Qu’est ce qu’un homme seul peut bien vouloir à une paisible école ?*

Enlevant la veste de son kimono, le jeune professeur exhiba un buste blanc… comme les murs du domaine. Il avait visiblement déjà pensé à l’utilité de préserver sa peau la plus blanche possible. Il emprunta le poignard du garde, il pourrait peut être lui être utile. D’un pas souple, il contourna le domaine afin d’arriver sur la droite de sa ‘’cible’’. Longeant l’enceinte, il finit par déboucher sur la route, silencieusement vide. D’un regard il parcourut les environs, ne sachant pas si l’aliéné en était réellement un. (S’il ne l’était pas, il aurait certainement des secours qui arriveraient de la forêt)

De loin il apercevait seulement cinq silhouettes : Le Maître, de carrure imposante, les trois gardes dans sont dos et l’inconscient, légèrement plus large, qui était tourné très légèrement vers l’opposé, ce qui lui faciliterait la tâche. Sans un bruit, évitant soigneusement les brindilles, il longea le mur. Sa peau blanche sur celui-ci lui conférait réellement les capacités d’un caméléon. D’abord debout puis accroupis et enfin allongé, il progressait vers l’ennemi.

*Pff les sales boulots sont toujours pour moi…*

Comme à son habitude, il ne faisait pas ceci par envie mais plutôt par obligation. (Non pas qu’il aurait du trouver amusant de tuer) [Quoique… expérience à tenter ^^] Ne devrait-il pas s’amuser en se camouflant ? En étant à deux mètres d’une personne sans que celle-ci ne le remarque ? Tout lui était indifférent.

Arrivé près de la scène, il pris une poignée de poussière dont la route était faite et se recouvrit avec. Il avait désormais la couleur brun clair qu’on tous les chemins de terre. Il attendait qu’une personne prononça quelques mots, pour que l’infime bruit de ses pas soit complètement masqué. Lorsque Ryuji Otto (Il avait pris soin d’écouter la conversation à partir d’où il était possible de l’entendre) annonça qu’il voulait combattre seul à seul chacun des disciples, Aroukaï avait déjà parcouru les deux enjambées et se retrouvait, poignard en main, à quelques centimètres du prétendant. Il pratiquait rarement ce genre de dissimulation qui n’était malgré tout pas très compliqué, l’attention de Ryuji étant tellement portée sur le Maître.

Celui-ci avait tout vu et n’avait qu’un signe de tête à faire pour que tous puissent vaquer à nouveau à leurs occupations.

[Je t'empêche de le prendre par derrière 8D]
Un par un, vraiment... Si ce ronin connaissait mieux l'école, il rirait de sa demande. Un seul de ses élèves valait bien trois guerriers... Restait à savoir combien en valait Ryuji.
Alors qu'Eichi allait répliquer qu'il acceptait son défi - ironiquement bien sûr - l'homme proposa de se battre en combat singulier contre le champion de l'école Hanzo.
Se battre contre le champion de l'école Hanzo ? Eichi détestait ce genre de pratiques. Je suis plus fort que toi, t'es mort et c'est chouette ; non, ce genre de choses était à bannir pour passer à une nouvelle ère. Et puis, pourquoi risquer de perdre un élève - voir le plus fort des combattants de l'école Hanzo ? Pour prouver sa valeur face au cadavre du ronin ? Face à celui-ci agonisant sur le sol ? Non...
Ryuji tira un massif bokken de son dos et le posa sur le sol.
Une raison de plus pour refuser... Avec une telle arme, certes il perdait en agilité et en vitesse, mais un seul coup pouvait causer des dommages irrémédiables à un disciple.

" Battre le champion de l'école ? Je crains qu'il n'y ait méprise à notre sujet..."

Et voilà qu'Aroukaï Itagaki se glissait derrière le ronin, une arme à la main. Eichi sourit intérieurement. Silencieux, comme toujours... Ah, il ne regrettait pas de l'avoir nommé au poste de maître de dissimulation. D'autant qu'il comprenait plutôt vite...
Eichi se tourna de trois-quarts vers l'école, pour voir trois autres guerriers arriver, dont celui qui était venu le prévenir.
Rassuré, il se retourna donc vers le guerrier et sembla se perdre dans la contemplation du paysage derrière lui... En réalité les yeux dans les yeux avec Aroukaï. Puis, il hocha franchement la tête négativement, puis plus fort, pour reposer son regard sur Ryuki.

" Non.... Non... Nous ne somme pas un vulgaire Dojo ! Allez voir au village voisin, je pense qu'il y en a justement un. Nous sommes une école. Pas un repaire de querelleurs auxquels des questions de soumission importent. Passez votre chemin, guerrier ! "

Le couteau en main, Aroukaï était prêt à l’enfoncer dans le dos du rônin. Il regardait Eichi depuis un certain temps, attendant patiemment son approbation mais le Maître de l’école renonça à cette pratique - qui lui avait pourtant semblé bonne au départ - . Soutenant le plus longtemps possible son regard pour s’assurer de sa décision, il rengaina son poignard et se mit en mouvement, toujours silencieusement. Otto toujours debout, droit devant le domaine ne l’avait pas remarqué.

Aroukaï frôla volontairement sa main, tout en lui soufflant son haleine chaude dans le coup. Là il le remarquerait certainement, et c’était voulu. Autant montrer qu’on ne rigole pas dans cette école. Passant maintenant entre les deux grands hommes, il le regardait du coin de l’œil tout en lui tournant le dos. Il émit un bref ricanement et se traina jusqu’à se positionner à la droite de son Maître. Lorsqu’il arriva à ses côtés, ce dernier tentait de chasser Ryuji Otto de manière diplomatique.

*Chasser un homme de cet acabit…*

Maintenant qu'il était devant lui, il put l'observer. Grand, basé, il n’était peut être pas si fou que ça… Peut être avait il les capacités. Mais quelque chose obsédait Aroukaï : Que veut ce rônin à l’école Hanzo ?

Le calme planait, tous attendaient la réponse de l’homme au grand bokken.

Le bokken de Ryuji gisait toujours à ses pieds ; s’étendant de toute sa longueur sur la terre brune en un emblème des intentions honorables du guerrier.

« Je crains que la méprise se situe, plus justement, aux intentions que nous nous prêtons mutuellement. »

Ryuji avait, à ces mots, déformé ses traits en un grimace amusante, conférant à son visage un air confus qu’on ne lui aurait pas prêté quelques minutes auparavant. Mais celui-ci ne dura guère, interrompues par la terreur d’une menace imminente : un frisson à peine perceptible sur la main, un souffle agréablement chaud caressant son cou d’un invisible satin ; et il n’eut d’autre réflexe que celui de tourner la tête vers la source de ses craintes avec la vivacité d’une panthère. Il croisa immédiatement le regard mouvant d’un homme dont on jugerait à première vue qu’il n’était pas réelle ; s’extirpant d’une dimension autre et gagnant petit à petit une opacité humaine, mais Ryuji réservait cette effet à sa surprise totale et à la constatation progressive qu’il n’était pas qu’une illusion démente. Il remarqua également le petit poignard qu’il tenait en main.

* Il n’avait qu’un geste à faire… pourquoi se raviser ? Je comprends mieux l’air évasif et les discrets hochements de l’homme, ils ne m’ont donc pas jugés comme réellement dangereux ou menaçant… *

L’éthéré – cette appellation amusait Ryuji intrinsèquement – se plaça alors, homme à la peau pâle maculée de poussière, à la droite de celui qui semblait être son maître ; confirmant ainsi les déduc-tions du vagabond sur le statut de son interlocuteur. Le gloussement extirpé du rictus en coin qu’arborait l’éthéré l’agaça passablement, inutile de frimer à prendre avec succès un homme de dos. Mais la mauvaise foi passagère de ses pensées ne voilà néanmoins pas son talent à ses yeux ; on ne l’avait jamais pris totalement au dépourvu comme cela ; il n’existait pas puis, selon son bon vouloir, était sorti de l’ombre comme la réalité d’un songe.

* Mais qui sont-ils ? *

Cette question marqua son esprit à l’instant même où le maître trancha sur la situation avec une autorité et une fermeté exemplaire : « Non... Non... Nous ne sommes pas un vulgaire Dojo ! Allez voir au village voisin, je pense qu'il y en a justement un. Nous sommes une école. Pas un repaire de querelleurs auxquels des questions de soumission importent. Passez votre chemin, guerrier ! ».

« Ne me jugez pas comme le premier grouillot venu ! »

L’espace de quelques secondes, une vague de fureur irrépressible envahit tout l’être de Ryuji ; un courant de chaleur brûlant dont les signes extérieurs était brasier dans le néant furibond des pupilles et manteau d’aura oppressante pour ceux aux sens assez aiguisés pour la percevoir. Elle se dissipa aussi vite qu’elle déferla, endiguée par la volonté de l’homme ; on n’en percevait plus qu’une surface de colère froide et placide.

« Pardonnez ma colère, je ne me tiens pas particulièrement en haute estime, mais je n’ai rien de la brute lançant menaces et défis en simple quête d’assouvir sa soif de violence. Mon bokken, je le possède entre autre pour vaincre sans tuer, et je souhaite simplement mesurer ma force pour l’accroître, pour me surpasser. Je n’ai que faire de la cruauté du combat et la laisse aux déments du sang, je ne vise que l’élévation du corps et de l’esprit. » puis plus calmement « Je me suis trompé sur votre compte comme vous l’avez fait sur le mien. »

Ryuji se pencha alors pour ramasser son bokken et le réinstaller solidement à sa hanche.

« Accepteriez-vous de m’accorder audience, seul à seul ? » le vagabond toisa alors l’éthéré, puis s’adressa à lui « Je vous tiens également en estime, votre présence m’honorerait ; si on accède à ma demande. »

Obéissant à son ordre, le maître de dissimulation revint dans les rangs des gardiens. Au passage, il effleura - volontairement, bien sûr - le guerrier, qui tourna aussitôt la tête. Maintenant, nul doute pour lui qu'Aroukaï était là sur l'ordre d'Eichi pour le tuer rapidement en cas de menaces... Eichi lui lança un regard furieux pendant une demi-seconde lorsque il passa devant lui. Révéler sa nature de Ninja pour provoquer une possible adversaire et compromettre la sécurité du clan Tsume n'était pas, pour ainsi dire, une excellente idée.
Et voilà que Ryuji développait ses idées. Une méprise ? Sûrement, oui, une erreur de jugement de la part d'Eichi à propos du guerrier... Mais dans les deux sens ?
Eichi jeta un coup d'oeil à Aroukai. Il est vrai que celui-ci n'était pas vraiment l'incarnation du stéréotype guerrier. Il y a encore une minute, il était derrière l'homme, à quelques centimètres seulement de son épiderme... Et une arme à la main. Et désormais, il était parfaitement clair qu'Aroukai faisait partie de l'école.
Ainsi, l'école Hanzo n'était pas une simple école de combat... Cela, même le plus idiot des paysans l'aurait deviné.

Ryuji eut alors un accès de colère, plutôt justifié si l'on tenait compte du fait qu'il aurait pu mourir facilement quelques minutes auparavant. Ceci n'eut pour effet que de mettre les guerriers sur la défensive et d'assombrir l'expression d'Eichi. Quelques secondes plus tard, l'homme changea du tout au tout son attitude. Il avait, Eichi dût le reconnaître, d'excellentes facultées de contrôles de ses émotions.
Et il demandait un entretien privé... qu'Eichi n'avait aucune raison d'accepter. A vrai dire, même maintenant, ils pouvaient tuer le guerrier en quelques secondes. Sauf si... Eh oui, il avait maintenant ramassé son boken massif.
Faire entrer cet homme dans l'école ? Lui faire voir ainsi toutes les installations et les élèves ? Les cours ? Ce n'était pas très prudent de la part du grand maître.

Eichi tourna la tête vers Aroukaï, qui acquiesa. L'entretien se ferait à trois...

" Très bien. Nous pouvons parler en privé... Mais ici. Tant que je n'en saurais pas plus sur vous, vous n'aurez pas accès à l'intérieur de l'école... Reconnaissez que cela relève de la prudence la plus élémentaire ! "

Eichi se retourna et fit signe aux gardes de partir. Ils rentrèrent à l'intérieur, et quelques secondes plus tard la lourde porte se fermait sur eux. Le maître était confiant... Il était encore assez souple pour franchir le mur, et si lui le pouvait, Aroukaï Itagaki pouvait le faire trois fois plus vite, aucun doute là dessus...

Eichi marcha de quelques pas vers la route, invitant ses interlocuteurs à en faire de même. En s'éloignant de l'école, il prouvait sa bonne volonté à discuter et renforcait l'aspect privé de l'entretien. Ceci fait, il se retourna et sourit à Ryuji.

" Je vous écoute, guerrier. Parlez librement..."

Le maître de l’école semblait peu enlun à accorder à Ryuji l’entretient qu’il désirait ; quoi de plus compréhensible si les soupçons du vagabond sur la vrai nature du domaine Hanzo s’avéraient exacts. On lui accorda néanmoins son audience, mais juste ce qu’elle avait d’intime, il ne franchirait pas l’enceinte ; l’éthéré se joint à la conversation.

* Par où commencer ?… Et pourquoi pas par ce qu’il faut éviter, autant tailler directement dans le vif. *

Ryuji suivit les deux le maître et l’éthéré à quelques pas de là, il appréciait la faveur qu’on lui accordait ; aussi bien en terme de temps que d’humilité de la part de ces hommes qui, semble-t-il, n’avaient rien à prouver. Seuls les poussait la curiosité, peut-être, et la considération qu’ils portaient à un étrange rônin au bokken atypique, qu’ils devaient croire fou. Ryuji posa alors tout la largeur de son dos sur le mur qu’ils bordaient et répondit aussitôt à la question qu’on lui posait :

« Permettez moi de poser les questions par l’affirmation, ma réponses viendra de ce que vous réfuterez ou non. Votre école est tout autre chose qu’un simple dojo entraînant des membres issus du commun ; votre réputation doit être grande et roulée d’une écume d’ombre, tout comme le talent de ceux l’ayant forgée ; mes pas m’ont mené où je ne m’attendais pas et devant deux hommes prêts à me révéler la véritable nature du domaine Hanzo ; ils ont bien sûr deviné une partie de mes intentions sans que je n’ai à les énoncer. »

Le Maître avait finalement accepté l’entretien plus privé, tout en gardant Aroukaï à ses côtés, bien que celui-ci lui aurait été d’une totale inutilité. S’il était doué dans l’art du déplacement et de la dissimulation, ce n’était pas le cas avec les armes blanches. Le Maître aurait normalement pu s’occuper du prétentieux à lui seul… Pourquoi l’avoir donc gardé ? Aroukaï avait l’impression de passer à coté de quelque chose, comme si il connaissait deux parties isolées d’une même histoire. Tous trois se tenaient debout, à l’ombre du mur.

Eichi posa tout d’abord sa question, maintenant qu’ils étaient ‘seuls’ (ou presque, ne pouvant pas considérer la présence d’Aroukaï), ils allaient parler. L’étranger commença par surévaluer l’école. (Ou avait-il bien pu avoir de telles informations ?) Il restait, malgré la fin de son discourt, très implicite et le professeur, manquant peut être de jugeote, ne comprenait pas vraiment.

*Il savait tout ? Ce n’est pas possible, d’où viennent les fuites ? Qui en a parlé ? Qui nous a vendu ? Qui est au courrant ?*

Tant de questions encombraient l’esprit du jeune Aroukaï, il essayait de garder son sang froid. Etant de nature calme, il y parvint rapidement. Toujours confus, il ne put s’empêcher de répondre avant le Maître - ce qui était considéré comme impoli - .

« Rônin, soyez plus clair. Vous parlez de telle manière à n’être compréhensible que par vous-même ! L’école Hanzo n’est qu’une simple école, et si c’est pour venir en troubler la passivité, passez votre chemin. »

Aroukaï avait été franc, froid et dur… comme d’habitude, c’était dans sa nature. Le Maître le soutiendrait certainement.

*Nous n’avons pas besoin d’un charlatan ici*

Les deux hommes se mirent à marcher à la suite d'Eichi. Le guerrier se mit bientôt à parler, exposant le but de sa visite. Un but plutôt sybillin, comme le remarqua le maître. Caché, et voilé sous de grandes phrases...
Eichi resta quelques instants perplexes lorsque Ryuji sous-ententit qu'Hanzo était bien plus qu'une école... Et avant qu'il ne puisse intérpréter plus avant ces paroles, Aroukai prit la parole. De toute évidence, il ne comprenait pas non plus l'attitude étrange du guerrier, prenant l'initiative de lui dire de partir ou de s'exprimer clairement.
Eichi fit un signe de tête pour appuyer les paroles du maitre de dissimulation... Avant de parler :

" Ronin. Vous dites que l'école Hanzo est plus qu'une simple école. Je vous réponds non. Vous dites que nous avons devinés nos intentions, à cela, je réponds non également. Par contre, vous dites enfin que les bâtisseurs de Hanzo étaient talentueux et que l'école à acquérie une grande réputation. A cela, je réponds oui..."

Eichi resta silencieux quelques instants, laissant à son interlocuteur le temps de s'imprégner de ses paroles. Ensuite, il reprit, ne laissant que peu de choix à Ryuji :

" Alors, maintenant, expliquez vous..."

Ryuji encaissa les piques verbaux des deux hommes sans broncher, un rictus au coin des lèvres.

* Voilà qui est intéressant ; à leur réaction, j’ai donc vu juste… *

« Et bien alors laissez moi être plus clair. La réputation locale de l’école Hanzo dénote complètement d'avec la réalité qui se trouve devant mes yeux ; sachez que mes sept années d’expérience m’ont rendu capable de reconnaître des guerriers de valeur. Vos simples « gardes » – même si le terme me semble ici inapproprié – sont de ceux-là, laissez moi donc imaginer le niveau de leurs enseignants ; bien qu’un aperçu m’en ait été donné avec votre compagnon furtif ici présent. »

Ryuji prit alors une grande inspiration, puis ferma brièvement les yeux avant de continuer :

« Je soupçonne cette école d’être un domaine où sont enseignés les arts de l’ombre, un clan dont le nom m’échappe mais dont mes nombreuses pérégrinations m’ont apporté la rumeur d’existence dans la région. Je sais le risque que je prends à vous exposer mes déductions si celles-ci s’avèrent justes, car un clan ninja ne peut se permettre de voir son existence révélée à droite et à gauche à cause d’un simple vagabond comme moi ; j’ai cependant une demande à vous faire. »



« Laissez moi trouver ma place en ces lieux, je ne sais de quelle façon, mais je pense être arrivé au bout de ce qu’un homme seul peut apprendre. J’aimerais votre aide pour évoluer, et vous propose bien évidemment mes services comme mes humbles compétences le permettent. »

Pour Aroukaï, tout devenait clair ; à chacune des paroles du rônin, il ressentait une espèce de ‘pic au cœur’. Ils s’étaient fait menés en bateau depuis le début, l’homme savait très bien ce qu’il voulait et il est arrivé à ses fins en les poussant à la faute. Aroukaï s’en voulait car sa petite démonstration aurait dû rester secrète. C’était de sa faute s’il n’était pas retourné d’où il venait après la négation de la tête du Maître, au lieu de ça, il s’était montré curieux. Il était donc resté avec Kitawa-sensei. Il baissa la tête, inconsciemment. Le Maître lui reprocherait sûrement d’avoir voulu montrer son talent…

Le jeune professeur avait enregistré les moindres paroles du voyageur, comme autant de coups de poignards. Il aurait voulu se racheter.

*Un membre de plus à nourrir, à entraîner, à éduquer… Faisable… Et s’il nous montrait ce qu’il valait avant ?*

Encore une fois, il parla avant tout le monde. Le temps de réflexion avait été assez long à son goût et de peur de se perdre dans ses pensées, il répondit, toujours très froidement.

« Hé bien rônin, vos paroles sont belles. Vous savez, l’école Hanzo est probablement la meilleure de la région, c’est ce qui fait sa réputation. Une réputation importante de fait pas forcément d’elle une école pour ninjas comme vous le dites si bien. »

Il hésita avant de continuer de plus belle.

« Si votre vantardise se rapporte à vos qualités en matière de combat, vous devez être le meilleur combattant que je aie jamais vu. Si vous êtes si sûr de vos dires, à quoi bon défier une école de… ninjas ? Et enfin, si tout ce que vous dites est vrai, vous seriez prêt à risquer votre vie alors que vous êtes certain de courir droit à la mort ? »

Il ricana et termina :

« Je vous crois un peu fou… »

[Eichi ne sera pas de retour avant la fin de semaine, donc suspension temporaire ]

« Je suis pas fou, simplement déterminé ; et je n'ai jamais débattu de mes "compétences". Elles sont ce qu'elles sont, et j'aimerais avoir l'occasion de vous les démontrer. »

Ryuji sentait monter en lui une tension presque agréable, celle caractéristique de la peur et de l'excitation.

« Je me livre librement à vous. Sachez par ailleurs que je ne me laisserais pas tuer si facilement dans le cas où vous n'accéderiez pas à ma requête ; mais nous n'en arriverons pas là... je l'espère. Je vous fais confiance, à vous et aux qualités que mon instinct vous a prêté. »

Le regard de Ryuji s'embrasa alors d'une flamme de volonté mêlée aux reflets cuivrés de la sincérité.

« Je vous le demande une nouvelle fois avec force et humilité, comme un service et une dette dont je compte bien m'acquitter : prenez moi dans le domaine Hanzo, permettez moi d'évoluer et de me surpasser, je vous apporterai l'aide dont je dispose et qui, je pense, pourront vous être utile Je ne me débrouille pas si mal dans certains domaines ; missions et élèves pourraient bien profiter des expériences d'un autodidacte qui dut apprendre de ses seuls choix et hasard, forgé à l'école sauvage de la vie. »

Cette "tension", dont l'esprit et le corps de Ryuji se drapait, ondoyait autour de lui en plis presques palpable, exultant une détermination assomantes.
Il attendait une réponse et le laissait sentir.

[Hm, désolé, ma réponse à été delestée lors du bug, et je viens seulement de m'en rendre compte ]

Des arts secrets, un clan ninja. Certes. Peu percaient le secret de l'école Hanzo, mais certains y arrivaient. Les rumeurs sur un clan d'assassins existaient hélas dans la région depuis un certain temps, certainement à cause d'ombres entrevues la nuit, de disparitions mystérieuses, mais aussi à cause de l'affluence de personnages atypiques venus trouver le clan Tsume.
Plus besoin de nier, à présent. L'affaire se règlerait d'ici peu. Eichi fit un signe de tête discret à Aroukaï et s'avança d'un pas vers Ryuji. Ce faisant, il prit un long Kunaï dans sa tunique et le soupesa dans sa main, avec un regard assassin vers le ronin.

" Vous me mettez devant un choix difficile, Ronin. Je n'aime pas être forcé de prendre une décision ainsi. Vous seriez-vous présenté à moi pour me demander l'hospitalité ? Non, il a fallu que vous dérangiez notre tranquillité : La mienne, celle des élèves, des gardes, et le cours de Maître Itagaki ici présent. "

Eichi garda le kunaï en main. Il savait qu'il n'avait qu'un geste à faire pour le plonger dans le coeur de Ryuji et régler ainsi le problème... Définitivement. D'autant qu'après un coup d'oeil furtif vers la route, il n'y avait personne d'autre qu'eux trois dehors...

" Peut-être que le 'clan ninja' que nous sommes ne laisse entrer personne ainsi dans ses rangs ? Peut-être qu'il n'apprécie guère d'être découvert et que l'on vienne frapper à sa porte pour le défier ? Oui... Nous pourrions vous tuer ici et maintenant. "

Eichi respira profondément et guetta un signe d'Aroukaï. Il ne pouvait décemment pas tuer Ryuji. Celui-ci lui avait demandé un entretier particulier, par un assassinat en règle. Pourtant, la tentation était grande. Tout faire pour protéger le secret...
Maintenant que le ronin était au courrant, il n'y avait qu'une alternative : Le tuer ou l'emprisonner. Quoique, comme il le disait lui même, il souhaitait être intégré dans l'école, et son souhait semblait sincère.
Mais n'importe quel inconnu ne pouvait être intégré dans le clan ainsi...

Le dilemme tiraillant la maître du clan apparaissait clairement aux yeux de Ryuji.

« Je comprends parfaitement vous avoir mis dans une situation difficile et je vous concède que ma manière d'agir n'était sans doute pas des plus subtiles. Mais demandez moi de vous prouver la sincérité de mes intentions, la force de mes convictions et la qualité de mes compétences et j'agirai alors sur le champs pour vous en convaincre. Que ma demande ne soit pas un don de votre part, mais un échange mutuel. »

Seule la flamme de la détermination brillait en reflet au noir intenses des pupilles de Ryuji, balayant toute perception d'une autre émotion chez lui. On n'y lisait que la soif de vivre, de se surpasser et voir en la réponse du maître du clan une répartie positive à sa demande.

[Deuxième fois que je tape ma rep, restons donc Zen.]
Vraiment, la façon de forcer la main de Ryuji était l'une des choses qui pouvaient irriter Eichi au plus au point. Et, en l'occurence, cela l'avait vraiment enervé... Au point de sortir son arme.
Soyons clairs, si le Ronin avait été n'importe qui d'autre, Eichi l'aurait mis à mort sur le champ sans autres formes de procès, mais l'atypie du personnage devant lui le rendait curieux... C'est pour ça qu'il donna une chance à Ryuji. Eichi rangea son Kunai d'un geste et fronça quand même les sourcils pour dire :

" Très bien, Ronin. Vous trouvez l'asile dans notre clan... Mais dans douze jours, nous statuerons sur votre cas. Si l'on estime que vous ne pouvez rester, nous serons contraints de vous faire disparaitre..."

Esperant secrètement que Ryuji avait mûrement réfléchi sur son choix, Eichi s'écarta pour laisser au ronin la voie libre jusqu'au domaine, avec un geste du bras l'invitant à y aller. Ce faisant, il haussa un sourcil interrogateur pour dire :

" Ronin, je vous présente Maître Aroukai Itagaki. Maitre Aroukai, je vous présente... Qui, en fait ? "

Ryuji perçut alors avec une redoutable netteté l’irritation du maître devant l’insistance répétée qu’il manifestait ; son sabre dégainé et la moue furibonde marquant son visage n’y laissaient aucun doute. Il n’avait jamais voulu ça, il était trop directe… et il le savait ; cela avait toujours été. Une grande qualité parfois, mais se révélant aussi le plus insidieux des défauts. Sa main tremblante de la peur et de l’excitation du combat – sans doute perdu d’avance à n’en point douter face à deux adversaires d’une telle trempe – saisit le manche de bois rugueux de l’imposant bokken pendant à sa hanche.

* Peut-être ai-je fais une erreur… mais je me devais de tenter ma chance, le tout pour le tout. *

L’homme déclara alors d’une voix mitigée ce à quoi il ne s’attendait plus : Ryuji trouvait sa place au domaine Hanzo. La surprise fut grande, masquant presque la joie que la nouvelle aurait du faire naître en lui. Mais le maître établit l’entrée du vagabond au sein de l’école comme un contrat dont la close s’énonçait comme telle, selon ses propres mots : « Très bien, rônin. Vous trouvez l'asile dans notre clan... Mais dans douze jours, nous statuerons sur votre cas. Si l'on estime que vous ne pouvez rester, nous serons contraints de vous faire disparaitre... »

* Douze jours… *

L’homme s’écarta alors du chemin menant à l’entrée du domaine et tendit un bras invitant très explicitement Ryuji à s’y rendre, mais également lourd de la réflexion qu’il lui imposait sur le bienfondé de sa démarche.

* De toute manière, je n’ai plus le choix ; et je ne compte pas laisser passer cette chance. *

Le vagabond s’engagea alors sur les pas d’une destinée vers la mort ou les strates supérieurs du combat, un avenir incertain et en rien une fatalité ; il le forgerait de ses mains ! Fort du savoir qu’il avait de ses intentions, il ne doutait point qu’on l’accepterait… mais saurait-il apporter quelque chose à ceux qui le recueillaient ? Telle était la question qui le taraudait alors qu’il foulait la poussière brune de la rue. La voix du maître retentit et arrêta sa marche, on le présentait à l’éthéré : il s’appelait Aroukaï ; et on lui demandait de rendre la pareille.

« Ryuji Otto, rônin jusque là vagabond. Maître, puis-je m’informer si un rôle me concernant au sein de la communauté de Hanzo vous avait traversé l’esprit. Je désire apprendre, mais je ne peux concevoir le fait de recevoir sans donner… »

* Maître... je m'y habituerai. *